VOYAGE AU QUEBEC( 5ème article.)
Salon de la Santé de Québec du 6 au 9 Juin 2001
Enfin, voici le cinquième et dernier article de Madame Ginette POULIN. Il est destiné à nous aider dans un domaine, on ne peut plus intime et qui, hélas, est souvent Tabou dans notre société. Pourtant, malgré notre handicap, nous avons le droit d’avoir une vie sexuelle. Là, plus que jamais, parlez-en avec votre médecin. Cela fait partie de NOUS, au même titre que NOS bronches ou NOS poumons. Je risque d’en décevoir certains qui s’attendaient peut-être à un Chambard-Soutra mais, je ne suis pas l’auteur de cet article et je peux, sans risquer de me tromper, affirmer que ce n’est pas là le propos de Madame POULIN non plus. Bonne lecture et surtout bons « exercices ».
J’espère que ces cinq mois passés avec vous auront été intéressants. Nous les devons à Madame Ginette POULIN et à sa gentillesse pour avoir accepté que ses articles paraissent dans notre bulletin. Qu’elle en soit à nouveau remerciée.
Claude CHAMBARD


MIEUX RESPIRER LORS DES ACTIVITES SEXUELLES
Démontrer son affection, avoir des activités sexuelles, c’est important dans la vie des homes et des femmes de tout âge. Les personnes atteintes d’une maladie pulmonaire chronique expriment souvent leur incapacité à reprendre des activités sexuelles. Elles craignent, entre autres, de manquer de souffle, de tousser, d’être fatiguées. De son côté, le partenaire peut avoir peur de provoquer chez son conjoint, une quinte de toux ou de l’essoufflement.
L’énergie requise par l’acte sexuel correspond à l’effort fourni pour monter un escalier de 20 marches, ou pour faire une marche rapide sur un terrain plat, pendant 4 à 6 minutes, tout en étant capable de parler assez aisément à la suite.
Dans ce qui suit, nous donnons quelques conseils afin que vos témoignages d’affection ou vos activités sexuelles soient une source de plaisir pour vous et votre partenaire.
SUGGESTIONS :
· Parler avec votre partenaire de vos préoccupations, de vos craintes, de vos peurs et des moyens qui peuvent empêcher l’apparition de vos symptômes lors d’activités sexuelles (le plaisir sexuel dépend également du degré de satisfaction des besoins psycho-affectifs) ;
· Planifier vos activités sexuelles lorsque les symptômes sont les moins importants dans la journée. Le milieu ou la fin de l’après-midi est généralement la période la plus favorable.
· Prévoir une atmosphère calme, une pièce suffisamment chaude (entre 20° et 22°) et l’humidité autour de 40%.
· Eviter d’avoir des activités sexuelles si vous êtes fatigué ou souffrez d’une infection respiratoire (bien lire INFECTION et non AFFECTION), une hygiène bronchique régulière permet d’éviter les infections respiratoires.
· Augmenter votre énergie et vos capacités physiques en faisant de la marche ou de l’exercice, afin d’accroître votre tolérance à l’effort et ainsi, avoir une vie sexuelle plus satisfaisante.
· Attendre au moins deux heures après un bon repas avant d’avoir une activité sexuelle.
· Etre prudent avec l’alcool qui peut agir comme excitant pour une personne ou avoir l’effet contraire pour une autre.
· Attendre 30 à 60 minutes, après avoir inspiré vos aérosols ou votre broncho-dilatateur afin de favoriser une broncho-dilatation maximale pendant le rapport sexuel.
· Garder sous la main votre aérosol doseur (ventoline), un verre d’eau et des mouchoirs en papier.
· Eviter les lotions parfumées ou les vaporisateurs susceptibles de déclencher une crise de dyspnée.
· Faire vos exercices de toux dans les 20 à 30 minutes qui précèdent les activités sexuelles, libérant ainsi vos voies respiratoires pour éviter d’avoir d’éventuelles quintes de toux.
· Utiliser les moyens de relaxation comme la technique de respiration des lèvres pincées et la respiration diaphragmatique pour contrôler l’essoufflement pendant les activités sexuelles.
· Prendre l’oxygène nécessaire lorsqu’il est prescrit et parler avec votre médecin de la possibilité d’augmenter l’oxygène d’un litre pendant les relations sexuelles.
· Utiliser des moyens de relaxation pour réduire l’anxiété avant les relations (ex : prendre un bain) ou pendant les relations sexuelles (ex : musique douce, périodes de repos).
· Ne jamais se presser, chercher à faire plaisir à l’autre. Les manifestations de tendresse, les attouchements affectueux, les caresses et les massages prolongés procurent autant de satisfaction à bien des couples sans qu’il y ait de relations sexuelles complètes
· Permettre à votre partenaire d’avoir un rôle plus actif. Dites-lui ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas dans vos relations sexuelles. Vous pouvez dire par exemple :
………..je suis excité(e) sexuellement quand .
………..je suis le plus embarrassé(e) et inconfortable .
………..le moment que je préfère pour avoir des activités sexuelles est .
………..la position que je trouve confortable est .
· Essayer différentes positions, la position idéale est celle dans laquelle vous êtes confortable et qui comprime le moins possible la cage thoracique de la personne ayant un problème respiratoire, l’état de santé du partenaire doit être considéré dans le choix d’une position.
· Vous donner du temps, après une période prolongée d’interruption des relations sexuelles, parce qu’une certaine réadaptation s’impose. Il faut éviter de se laisser décourager dès le départ. Explorer des méthodes ou solutions diverses. L’auto stimulation (ou si vous préférez la masturbation) ou la masturbation du ou de la partenaire peut être aussi un moyen agréable de se faire plaisir avant d’avoir une relation sexuelle complète avec sa ou son partenaire.
· Si vous ne pouvez pas avoir de relations sexuelles, parlez-en à votre médecin. Vous avez peut-être besoin d’un ajustement de votre médication ou d’une vérification de votre état de santé . chez la femme, l’âge et certains médicaments peuvent influencer la lubrification vaginale et le désir sexuel. Chez l’homme, certains médicaments, de même que le tabagisme et l’alcoolisme, ou d’autres maladies peuvent empêcher ou diminuer la capacité d’érection et le désir sexuel.
En conclusion, le bien-être sexuel de définit en fonction de ce que les partenaires souhaitent. Ainsi un couple peut décider de « prendre congé de la génitalité » ou de l’acte sexuel, tout en exprimant leur attachement et leur sexualité par des marques de tendresse et d’affection et en se rappelant de bons souvenirs.
La sexualité est un phénomène complexe. Se préoccuper de la qualité de la relation de couple est tout aussi important que la maladie pulmonaire elle même.
Aussi, il est souvent bénéfique pour un couple de consulter un médecin, un sexologue, un psychologue ou un autre thérapeute pour améliorer la qualité de ses relations sexuelles et affectives.
Ginette Poulin, inf. Msc. Inf.
Références et suggestions de lecture :
Alarie, P. Villeneuve, R. (1992) L’impuissance, Editions de l’homme.
Badeau, D., Bergeron, A. (1997) Bien vieillir….. en santé sexuelle, Editions du Méridien.
Butler,R.N., Lewis, M.I. (1987) L’amour et la sexualité après 40 ans. Editions Transmonde.
Hahn, K., (1989) Sexuality and COPD, Rehabilitation Nursing, 14, 4, 191-195.
Poulin, G. (1993) Application d’un programme d’enseignement auprès d’une personne
atteinte de MPOC et de son conjoint. Université de Montréal, Faculté des sciences
infirmières, rapport de stage de maîtrise.